Les impacts de la prédation sur les métiers de l’élevage 

La présence et les attaques de loups modifient le travail des éleveurs et des bergers, quel que soit le type d’élevage (ovins, caprins, bovins), ainsi que celui des techniciens qui les accompagnent.  
 

Des impacts sanitaires et sociaux simultanés 

Cette situation est susceptible d’avoir un impact sur la santé physique ou psychologique des professionnels de l’élevage ainsi que sur leur situation sociale, en particulier du fait : 

• De rapports sociaux et de relations de travail transformés : au sein des groupements pastoraux ou entre eux, avec les institutions ou avec la population 
• D’exigences émotionnelles fortes : angoisses, postures de vigilance, impossibilité de défendre son troupeau, difficulté à se faire comprendre du “grand public”, sentiment d’inefficacité par rapport à la charge de travail engagée, sentiment de dévalorisation de son métier...  
• Des charges de travail : nouvelles tâches induites par les mesures de protection des troupeaux prescrites par le plan Loup ou induites par une attaque (soins aux animaux survivants, recherche d’animaux disparus...) ; 
• D'une réduction de l’autonomie dans le travail, facteur de stress : impossibilité de se défendre seul, difficulté à trouver des solutions satisfaisantes dans l’urgence, … 
• D'un sentiment d’insécurité au travail : inquiétude sur les formalités administratives à réaliser, financement des mesures de protection, évolution vers une fonction d’employeur, des responsabilités qu’elle induit et des conditions de mise en œuvre en milieu d’alpage...  
• De conflits de valeurs : mise en question des conduites pastorales traditionnelles, question de l’armement, impossibilité de faire un travail « de qualité », l’indemnisation perçue comme « un échec au travail », élevage de chiens… 

Des impacts immédiats ou différés sur la santé psychique 

Les attaques peuvent également avoir un impact, immédiat ou différé, sur la santé psychique des éleveurs et/ou bergers concernés, mais également sur celle des techniciens des institutions qui les accompagnent après une attaque. L’étude INRAe « Face aux loups, quels effets sur la santé des éleveurs et les bergers ? » (2022) confirme ces points. Il est nécessaire aussi de relever que la nature et l’intensité des effets de la présence du loup sur la santé sont davantage corrélés au sentiment que l’éleveur ou le berger a de maîtriser (ou pas) la situation lupine. Ceci renvoie à la définition du stress : un déséquilibre entre la perception qu’une personne a des contraintes de son environnement de travail et la perception qu’elle a de ses propres ressources pour y faire face. Il est donc nécessaire de prendre en compte le vécu de chaque individu et les spécificités de chaque territoire.